Le pouvoir des données

Premier article en français! (avec quelques touches d’anglais 🙂)

(But I would love my English speaker to read it as well. So do not hesitate, click on the translate button in your browser and enjoy the “read”.)

Pour ce premier article, j’ai choisi un sujet qui concerne la Martinique. Les data, ou données en français.

Rentrons dans le vif du sujet. Cela fait 7 mois que je suis rentrée en Martinique. J’ai tout de suite commencé à analyser le tissu économique et à rencontrer des entreprises. Deux choses ont attiré mon attention:

    1. Les entreprises n’ont pas de Supply Chain (la notion est floue car la discipline est globalement inconnue ou mal connue)

    2. Les données ne sont que rarement exploitées… quand il y en a

Je me suis d’abord posée la question du pourquoi. Mais là, il me faut une analyse plus poussée, une période d’observation plus longue et plus d’expérience terrain pour pouvoir confirmer ce qui commence à se dessiner dans les méandres de mes pensées. Je travaille à vous offrir le fruit de mes recherches dans quelques mois. Stay tuned!

Cela ne nous empêche pas de réfléchir à notre sujet principal, les data. Peter Drucker (1) a dit “If you can’t measure it, you can’t manage it.” (Ce qui se mesure se gère.) Partons donc de ce principe pour développer cet article.

Ce qui se mesure se gère!

On entend ce terme “data” un peu partout depuis ces dernières années. “Big data”, “data analyst”, “protéger vos data”. Alors je conçois que ce que dit Drucker peut vous paraître évident. Cependant, après avoir rencontré des dizaines d’entreprises de toutes tailles et de différents secteurs d’activité (distribution, santé, transport), le constat est bien différent. Voici une liste des observations récurrentes:

    • Les entreprises ne connaissent pas leur flux

    • Les entreprises ne stockent pas/récupèrent pas leurs données (et donc ne les analysent pas)

    • Les entreprises ne se concentrent que sur ce qui leur “coûte cher”, en l’occurrence le transport (en ce moment) sans analyser en détail leurs Opérations et surtout leurs flux

    • Les entreprises investissent dans des outils, dans la publicité ou encore dans les réseaux sociaux alors que le problème est ailleurs et que tout ou presque pourrait s’arranger par une bonne analyse de données qualitatives

You got this! (Vous pouvez le faire!)

La Martinique a un potentiel énorme. Les entreprises ont la chance d’être implantées sur une île, française, régie par des lois Européennes. Parler de “chance” va à l’encontre de toutes les pensées du moment, n’est ce pas? Je m’explique sur ce point!

À première vue, cela semble être plus une énorme contrainte au développement des entreprises que le contraire. Ce qui est en partie vraie si l’on considère l’innovation, l’autonomie et la diversité.

La Martinique est une île de la Caraïbe située à près de 7000 kms de la France. Elle pourrait commercer avec ses voisins mais les normes Européennes rendent l’échange un peu compliqué… (2)

Martinique: “Monsieur Trinidad, vos produits sont-ils aux normes Européennes?”

Trinidad: “Alors, pas vraiment…”

Martinique: “Il faudrait si je dois me fournir chez vous.”

Trinidad: “Votre marché est trop petit pour que je mette en place une chaine de fabrication aux normes Européennes”

Oups!

De plus, l’Octroi de mer (taxe mise en place pour protéger la production locale) rend la concurrence “internationale” quasiment impossible.

Et je ne parlerai pas de transport, c’est une lapalissade…

Alors en quoi est-ce une chance me direz-vous? Eh bien, grâce à cette insularité, ce lien avec la France et l’Europe, les consommateurs Martiniquais n’ont d’autre choix que de consommer local. Tout est donc en votre faveur, développez-vous agilement!

Cela parait si évident et pourtant vous éteignez encore des feux? Vos marges se réduisent? Vos niveaux de stocks sont bas? Vous êtes souvent en rupture? Vos fournisseurs ne font pas de vous une priorité? Le coût du transport vous assomme? Et vous avez du mal à identifier votre problème? Vous n’êtes pas prêt en cas d’une énième crise (pandémie, intempéries, grèves…)?

Votre salut viendra très probablement de vos données!

Data is the most valuable asset a business can have - Forbes (Les données sont la chose la plus importante qu’une société puisse avoir)

Vous vous focalisez trop sur des problèmes isolés, sortis de leur chaîne. Vous devez chercher la (ou les) cause (s) racine de votre (ou vos) problème(s). Mais comment?

Comme je l’expliquais dans mon premier article, commencez par faire une photo de votre réseau à un instant donné. Mesurez vos lead time. Localisez et dimensionnez vos stocks (matière première, encours, produits finis…). Evaluez votre Takt time (ce qui sous entend que vous connaissez les besoins de vos clients). Calculez votre ratio valeur ajoutée/non valeur ajoutée.

Cette première photo vous permettra d’avoir une vision globale de vos flux, de mettre en évidence vos problèmes mais aussi les risques pouvant entrainer une rupture.

Ensuite, avec l’aide de vos équipes, mettez en place des indicateurs de performances fiables qui seront des objectifs communs à votre organisation.

Selon une étude de la Harvard Business Review, sur un panel de sociétés, seulement 3% des données récupérées étaient “acceptables”.

La fiabilité des données est très importante car elles vous aideront à prendre des décisions éclairées.

La mise en place d’indicateurs et la création de votre carte des flux vous permettra de savoir ce qu’il vous faut comme données. En effet, il n’est pas nécessaire de faire une overdose de données. Quality over quantity! (La qualité plus que la quantité!). Je parlerais plus en détail d’indicateur de performance dans un prochain article.

Enfin, faites-vous aider! La Supply Chain c’est un métier! Ce n’est pas seulement de l’approvisionnement et ne peut être remplacée par un ingénieur méthode/process ou un service informatique. Le travail du Supply Chain Manager est de poser les fondations permettant aux autres départements de développer une stratégie adaptée.

Je suis diplômée de l’Institut Supérieur de Logistique Industrielle (ISLI (3)) une des meilleures formation en Supply Chain (Classement Eduniversal). J’ai travaillé dans des entreprises dont le niveau de maturité allait de la Supply Chain inexistante à la La Supply Chain hors classe selon le classement Gartner des meilleures Supply Chain.

N’hésitez pas et offrez-vous les services de professionnels de la Supply Chain.

Les données sont une source de différenciation concurrentielle. Ne les négligez pas! Des données fiables vous permettront entre autre:

  • D’améliorer les conditions de travail de vos collaborateurs (et c’est de loin l’avantage le plus important à mon sens)

  • De prendre de meilleures décisions

  • D’être proactif et de ne plus avoir à éteindre des feux

  • Vérifier l’efficacité des stratégies que vous mettez en place

  • Trouver les solutions à vos problèmes

  • La liste est encore très longue.

Alors après la pandémie COVID-19 suivie de la guerre en Ukraine, continuez-vous à jouer aux pompiers ou avez-vous décidé de récupérer vos données et de les analyser? Quelle architecture avez-vous choisi pour vos données?

Notes:

  1. Peter Drucker était un Consultant en Management et auteur Autrichien-Américain. Il est considéré comme le père du management moderne et est à l’origine de concepts tels que l’innovation systématique et l’esprit d’entreprise.

  2. https://trade.ec.europa.eu/access-to-markets/en/content/eu-cariforum-economic-partnership-agreement

  3. L’ISLI est deuxième au classement Eduniversal France 2022 et conserve sa 5eme place mondiale dans la catégorie Supply Chain & Logistics

Previous
Previous

Grand Port Maritime de Fort-de-France, et si le problème était ailleurs?

Next
Next

Strike!